La Théorie du Donut : Une boussole pour réinventer l’économie du 21ème siècle

Proposée par l’économiste britannique Kate Raworth en 2012, la Théorie du Donut (ou doughnut economics) offre une vision ambitieuse pour repenser l’économie du XXIe siècle. Elle propose un cadre qui vise à répondre aux besoins essentiels de l’humanité tout en respectant les limites planétaires.

Mais concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? Et comment cette théorie peut-elle guider les entreprises, les collectivités et les citoyens vers un futur plus juste et soutenable ?

Une forme simple, un message puissant

La métaphore du donut est à la fois visuelle et conceptuelle :

• Le cercle intérieur représente le plancher social : c’est l’ensemble des besoins fondamentaux que chaque être humain devrait pouvoir satisfaire (accès à l’eau, à l’éducation, à la santé, à une alimentation suffisante, à une voix politique, etc.). Kate Raworth a basé ces différents axes sur 12 des 17 Objectifs de Développement Durable établies par les Etats membres des Nations unies
• Le cercle extérieur représente le plafond écologique : ce sont les neuf frontières planétaires identifiées par les scientifiques du Stockholm Resilience Center (changement climatique, perte de biodiversité, pollution chimique, etc.) à ne pas dépasser pour préserver la stabilité des processus biologiques, chimiques et physiques de la Terre.
• L’espace entre ces deux cercles forme le donut : c’est la zone sûre et juste pour l’humanité.

Autrement dit, l’objectif est de vivre dans le donut : assurer la satisfaction des besoins humains fondamentaux sans dépasser les limites planétaires. C'est la recherche de cet équilibre qui permettra la prospérité de l'Humanité dans le futur.

Une philosophie économique radicalement différente

La Théorie du Donut rompt avec les fondements traditionnels de l’économie, notamment la recherche infinie de croissance du PIB. Elle propose une approche régénérative et distributive, fondée sur trois grands principes :

1. Sortir de l'illusion de la croissance illimitée : dans un monde aux ressources finies, viser une croissance infinie est non seulement irréaliste, mais dangereux.
2. Intégrer les limites planétaires dans la prise de décision : l’économie doit respecter les équilibres écologiques vitaux pour viser la régénération de la nature et des ressources.
3. Réduire les inégalités et garantir la justice sociale : une économie saine est une économie qui ne laisse personne de côté.

Pourquoi cette approche nous plaît tant ?

La rencontre entre la Théorie du Donut et Sounds Good Conseil, c'est un alignement de convictions de ce vers quoi nous devons tendre collectivement :

• Adopter une vision systémique : le Donut relie les enjeux environnementaux, sociaux et économiques dans un cadre cohérent.
• Un cadre de référence commun et accessible : le diagramme du Donut est simple et immédiatement compréhensible.
• Des outils d’aide à la décision : il permet de définir des objectifs compatibles avec la durabilité, avec une lecture globale des enjeux.
• Applicable à différentes échelles : la Théorie du Donut peut guider des politiques publiques, des stratégies d’entreprise comme des actions citoyennes.

Des exemples concrets d’application

Amsterdam : une ville guidée par le Donut

En 2020, Amsterdam est devenue la première ville à adopter officiellement la Théorie du Donut pour son développement. Elle l’utilise comme boussole pour orienter ses politiques de logement, de mobilité, de production circulaire et de réduction des inégalités.

Grenoble : vers une ville résiliente et juste

Depuis 2022, la ville de Grenoble s’est engagée dans une démarche inspirée de la Théorie du Donut. Cette politique ambitieuse s’est déroulée en plusieurs étapes : réaliser un « Portrait Donut » de la ville (cartographier les indicateurs locaux environnementaux et sociaux), définir des outils de pilotage pour la conception et le déploiement des projets, sensibiliser les acteurs du territoire et co-construire une vision soutenable pour la métropole. Elle s’appuie sur l’intelligence collective et cherche à traduire le Donut en une vraie boussole pour l’action locale.

Doughnut Economics Action Lab (DEAL)

Kate Raworth a cofondé le DEAL, une plateforme internationale qui accompagne villes, entreprises et organisations à traduire la théorie du donut en actions concrètes. On y trouve des ressources, des témoignages et des outils pour passer de la théorie à la pratique. Fidèle à ses grands principes, le DEAL propose l’ensemble de ces données en open-source.

Entreprises en transition

Certaines entreprises utilisent le Donut comme outil d’auto-évaluation stratégique, pour s’assurer que leurs produits, leur chaîne de valeur et leur gouvernance respectent à la fois les droits humains et les limites écologiques.

Par exemple :

• Une coopérative agricole locale qui favorise des pratiques régénératives du sol.
• Une entreprise technologique qui adopte des modèles circulaires et redistributifs.
• Et pour les entreprises, que signifie « penser donut » ?

Intégrer le Donut dans le pilotage stratégique de son organisation

Vous l'avez compris, la Théorie du Donut propose une boussole particulièrement pertinente pour assurer la robustesse de votre entreprise dans un monde de plus en plus fluctuant et incertain.

Quelques actions qui peuvent être menées avec le Donut :

1. Mesurer son impact au-delà des indicateurs financiers classiques.
2. Cartographier les effets sociaux et environnementaux de ses activités sur l’ensemble de sa chaîne de valeur, mais aussi les risques liés à ces enjeux.
3. Repenser son modèle d'affaires pour générer une valeur durable et partagée.

Conclusion : un cadre pour une économie du XXIe siècle

La Théorie du Donut est bien plus qu’un joli schéma. C’est une invitation à changer notre façon de penser l’économie, à sortir des logiques extractives et inégalitaires pour bâtir une société vivable et équitable.

Face aux crises écologiques et sociales actuelles, cette approche offre une boussole précieuse pour guider la transition. Que l’on soit décideur public, entrepreneur, citoyen engagé ou simple curieux, il est temps de se demander : vivons-nous dans le donut ?