Redonner de la vie à l’économie : la voie régénérative

Des sols appauvris, des écosystèmes fragilisés, des liens sociaux érodés, des collaborateurs désengagés : notre économie est en manque de vitalité.

Et c’est justement cette vitalité que l’économie à visée régénérative cherche à restaurer !

Dans le dernier épisode du podcast CAP Regen, Eric Duverger reçoit Christophe Sempels, cofondateur de Lumia, centre de recherche et de formation dédié à l’économie régénérative. Ensemble, ils explorent un changement de paradigme audacieux : et si l’entreprise devenait un agent de régénération plutôt qu’un facteur d’atténuation ?

« Régénérer, c’est réinsuffler de la vie — dans les écosystèmes, dans les organisations, dans les relations humaines. »

Un échange éclairant qui donne des repères concrets et profonds pour celles et ceux qui veulent repenser leur impact… à la racine.

Écouter l’épisode (1h03)

L’économie a perdu le lien avec le vivant

Notre modèle économique dominant fonctionne comme une machine : extraction, production, optimisation. Mais la vie, elle, fonctionne autrement : cycles, interdépendances, diversité, adaptation.

L’économie régénérative nous invite à réaligner nos organisations avec les principes du vivant.
C’est une bascule profonde, qui repose sur trois socles fondamentaux :

• Le respect des limites planétaires : agir dans les frontières du système Terre, sans dégrader les équilibres écologiques.
• La justice sociale : garantir à chaque personne les conditions d’une vie digne, dans le respect des autres.
• Et surtout, la vitalité : cette capacité des systèmes (naturels, sociaux, humains) à se renouveler, à croître, à s’auto-organiser.

« La régénération n’est pas un supplément d’âme, c’est un retour à ce qui permet la vie. »

Trois leviers pour redonner vie à l’économie

Christophe Sempels identifie trois chantiers stratégiques pour les entreprises qui souhaitent emprunter cette voie régénérative :

Repenser la raison d’être à travers la vie

Plutôt que d’ajouter une mission RSE au business model, il s’agit de revoir ce dernier en profondeur.
La question devient : mon activité participe-t-elle à la santé des systèmes dont elle dépend ?

« L’entreprise régénérative ne se demande pas ce qu’elle peut retirer du monde, mais ce qu’elle peut lui redonner. »

Le critère devient la contribution à la vie, pas seulement la réduction de l’empreinte.

Savoir renoncer pour mieux servir le vivant

Certaines activités, aussi rentables soient-elles, sont structurellement destructrices : elles extraient plus qu’elles ne restaurent, détruisent plus qu’elles ne soignent.
Savoir y renoncer, c’est ouvrir l’espace à des modèles compatibles avec les dynamiques du vivant.

Cela crée aussi des opportunités d’ancrage territorial, de justice sociale et de reconstruction des communs.

Choisir la limite comme alliée

Dans notre économie linéaire, la croissance est sans fin. Pourtant, la nature fonctionne dans des boucles fermées, avec des limites fertiles.
Plutôt que de craindre ces limites, l’économie à visée régénérative les intègre comme cadres d’innovation et de cohérence.

« Dans le vivant, la limite n’est pas une menace. Elle structure la forme, elle rend possible la régénération. »

La vitalité comme boussole oubliée

La vraie richesse d’une entreprise ne se mesure pas uniquement en capital financier ou en parts de marché. Elle se mesure aussi — et surtout — en vitalité générée.

Christophe Sempels nous invite à regarder autrement :

• Un sol vivant vaut plus qu’un champ surexploité,
• Une équipe engagée vaut plus qu’une productivité forcée,
• Une communauté en santé vaut plus qu’une chaîne logistique délocalisée.

« Régénérer, c’est prendre soin. C’est réactiver les conditions du vivant dans tout ce que l’on fait. »

Pour aller plus loin

Épisode à écouter ici : Analyse d’Expert – Christophe Sempels (Lumia) – CAP Regen

Quelques ressources complémentaires :

• Lumia – Centre de recherche sur l’économie régénérative
• Donut Economics – Kate Raworth
• CEC – Convention des Entreprises pour le Climat

En conclusion

Redonner de la vie à l’économie, ce n’est pas une utopie. C’est un acte de lucidité et d’espoir.

Dans un monde en dépassement écologique et en tension sociale, l’économie à visée régénérative propose une voie puissante : celle de la réparation, de la vitalité, et du lien restauré.

Elle demande du courage, de la cohérence et de l’imagination. Mais elle est déjà en marche.

Et si demain, créer de la valeur signifiait aussi… créer de la vie ?