Directive CSRD : tout savoir sur le reporting de durabilité en Europe

La CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), entrée en vigueur en janvier 2024, redéfinit le cadre du reporting de durabilité en Europe.

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CSRD

Sarah Gautschoux

2 janvier 2025

Qu’est-ce que la CSRD ?

La CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) a été entérinée par la Commission Européen à travers l'acte délégué du 31 juillet 2023. Elle remplace la NFRD (Non-Financial Reporting Directive) et élargit considérablement le périmètre des entreprises concernées, tout en renforçant la qualité et la comparabilité des informations publiées.

Au-delà d’une contrainte réglementaire, cette directive traduit la volonté de l’Union européenne d’accélérer la transition vers une économie durable et transparente. Son évolution actuelle, via la proposition de loi Omnibus (février 2025) traduit la recherche d'un équilibre entre ambition environnementale et réalisme économique, un exercice difficile.

La CSRD porte une vision ambitieuse d’un capitalisme durable. Elle est aujourd’hui en révision via la proposition de loi Omnibus, qui vise à ajuster les critères d’éligibilité à la CSRD et les modalités de reporting (les fameux points de données) pour mieux tenir compte des réalités économiques.

La CSRD vise à renforcer la transparence des entreprises sur leurs engagements et leurs impacts ESG, et à orienter les flux financiers vers des activités durables. Elle impose un reporting standardisé, fondé sur les ESRS (European Sustainability Reporting Standards), qui couvrent des thématiques comme :

  • Le climat et la transition énergétique
  • La biodiversité et la pollution
  • Les droits humains et sociaux
  • La gouvernance et l’éthique des affaires

Avec la CSRD, l’Union Européenne impose aux entreprises plus de transparence sur les impacts, risques et opportunités (IRO) de leurs activités sur les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance. Elle vise également une harmonisation des données communiquées dans leur rapport de durabilité.

Elle définit également une méthodologie commune, à travers l’approche chaîne de valeur et parties prenantes et l’analyse de double matérialité par exemple.

Qui est concerné par la CSRD ? (et ce que change la loi Omnibus)

Les critères d’éligibilité initiaux

Jusqu’ici, la CSRD s’appliquait progressivement :

2024 I Grandes entreprises déjà couvertes par la NFRD (la directive précédente)

2025 I Grandes entreprises remplissant deux des trois critères suivants : 

  • +250 salariés
  • +50 M€ de chiffre d’affaires
  • +25 M€ de total de bilan

2026 | PME cotées (hors micro-entreprises) |

2028 | Groupes non européens réalisant +150 M€ de CA dans l’UE 

Les ajustements proposés par la loi Omnibus (2024)

La proposition de loi Omnibus, publiée par la Commission européenne à l'été 2024, prévoit plusieurs modifications majeures :

  1. Report d’application de 2 ans pour les ETI et PME cotées
  2. Délai supplémentaire pour les groupes non européens (potentiellement jusqu’en 2030 pour leur rapport consolidé)
  3. Révision à la hausse des seuils d’éligibilité, afin de limiter l’impact pour les entreprises moyennes
  4. Exemption pour les filiales si la maison-mère publie un rapport CSRD consolidé conforme

À retenir : Ces ajustements visent à éviter une surcharge administrative, tout en gardant l’ambition environnementale du texte.

La directive Omnibus est en cours de révision et devrait être publiée d'ici la fin de l'année 2025.

Les obligations de la CSRD

La CSRD définit un process clair et uniformisé pour toutes les entreprises qui y sont soumises, ou souhaitent se baser sur cette méthodologie. Nous décryptons pour vous les points clefs.


La cartographie de la chaine de valeur

La cartographie de la chaîne de valeur est une exigence centrale de la CSRD. Elle permet d’identifier où se situent les principaux impacts et risques environnementaux, sociaux et de gouvernance de l'entreprise — que ce soit en amont (fournisseurs) ou en aval (clients, consommateurs, fin de vie du produit). Cette démarche consiste à représenter de façon structurée les différentes étapes du cycle de vie de l’activité, afin d’y associer les risques, opportunités et externalités les plus significatifs. Elle favorise une approche proactive du reporting en facilitant l’analyse de double matérialité et la priorisation des enjeux. C’est également un outil de dialogue stratégique avec les parties prenantes, notamment dans une logique de due diligence ou de transformation durable du modèle économique.

Une approche par double matérialité

L'analyse de double matérialité est le principe fondamental de la CSRD. Il oblige les entreprises à analyser à la fois :

  • Comment les enjeux ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) affectent leur performance financière (matérialité financière) ;
  • Et comment leurs activités impactent la société et l’environnement (matérialité d’impact).

Cette approche croisée permet de mieux comprendre les risques, d’aligner la stratégie avec les enjeux de durabilité et de produire un reporting réellement utile pour les parties prenantes et les investisseurs.

Un reporting structuré et vérifié

Les entreprises doivent :

  • Suivre les normes ESRS pour construire leur rapport
  • Collecter des données fiables et traçable
  • Faire vérifier leur rapport ESG par un auditeur externe
  • Publier le tout dans leur rapport de gestion annuel
  • La philosophie de la CSRD : transformer le modèle économique

La CSRD ne se limite pas à un exercice de transparence. Elle vise à repenser profondément la manière dont les entreprises créent de la valeur, avec une perspective long terme, éthique et collective.

Une rupture de logique

  • La performance extra-financière devient stratégique
  • Les impacts sociaux et environnementaux doivent être quantifiés, suivis et assumés
  • La gouvernance de la durabilité devient aussi importante que la gouvernance financière
    Une ambition européenne

La CSRD reflète la volonté de l’Union européenne d’aligner les flux financiers avec les objectifs environnementaux et sociaux, tout en créant un socle commun de transparence à l’échelle continentale.

Elle s’inscrit également dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe, le Green Deal. Il vise à transformer l’Europe pour en faire un pionnier d’un monde durable, à travers 3 objectifs majeurs :

  • La fin des émissions nettes de gaz à effet de serre d’ici à 2050,
  • Une croissance économique dissociée de l’utilisation des ressources,
  • Que personne n’est laissé de côté.

C’est aussi un puissant levier identifié pour orientater les investissements vers des activités durables. La SFRD, la taxonomie verte et la CSRD en sont les outils interconnectés.

Les avantages stratégiques pour les entreprises

Bien que contraignante, la CSRD peut devenir un levier de compétitivité :

Renforcer la confiance

En publiant des informations claires et vérifiées, les entreprises rassurent investisseurs, clients, collaborateurs et partenaires. C’est aussi une opportunité de valoriser les efforts déployés par l’entreprise en matière de durabilité et de renforcer sa stratégie RSE.

Mieux gérer les risques

La CSRD oblige à cartographier les risques ESG (climatiques, sociaux, réputationnels), permettant une meilleure anticipation. L’entreprise acquiert ainsi une connaissance approfondie de ses impacts (“incidences”), risques et opportunité, et de leur pilotage grâce à des indicateurs prédéfinis.

Accéder à des financements durables

Les banques et investisseurs s’appuient sur les données CSRD pour évaluer les entreprises selon des critères durables.

Structurer la gouvernance

La CSRD pousse à créer des processus internes robustes de pilotage et de suivi des engagements ESG. Elle renforce et améliore le dialogue et la communication avec les parties prenantes.

Se différencier sur le marché

Les entreprises conformes auront une longueur d’avance dans les appels d’offres, les chaînes de valeurs durables ou les marchés publics et serons mieux en mesure de répondre aux exigences clients B2B (certification Ecovadis…).

Comment se préparer efficacement ?

Voici les étapes clés :

  1. Identifier votre éligibilité et calendrier
  2. Cartographier votre chaine de valeur et identifier vos impacts, risques, opportunités et vos parties prenantes
  3. Conduire une analyse de double matérialité
  4. Collecter les données ESG existantes
  5. Former les équipes concernées (organes de direction, RSE, finance, RH, achats, juridique)
  6. Choisir un outil de reporting ou une plateforme ESG
  7. Planifier l’audit externe
  8. Suivre les évolutions réglementaires, notamment l’adoption finale de la loi Omnibus prévue courant 2025

En conclusion

La CSRD représente un changement structurel majeur dans la manière de penser la performance des entreprises en Europe. Derrière ses exigences techniques se cache une véritable vision de l’économie de demain : plus transparente, plus responsable, plus résiliente. 

Les entreprises qui anticipent aujourd’hui seront les leaders durables de demain.

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